1. Depuis combien d'années es-tu au CAM ?
Oula... longtemps :-p je dirais presque 40 ans. Je n’ai pas de souvenirs précis, c'est mon père qui m'a inscrit quand j'étais tout petit, j'ai toujours le souvenir d'avoir fait partie du CAM. A l'époque je faisais surtout de la randonnée.
2. Depuis quand es-tu bénévole ? quel est ton rôle ?
Cela fait maintenant un peu plus de 20 ans. J'ai eu plusieurs rôles. Au départ j'ai été délégué de la section escalade, mon rôle consistait à "ouvrir" la salle d'escalade le jeudi soir et rendre les clefs à la fin de la séance.
Les choses ont bien changé depuis, je me suis petit à petit dirigé vers le Conseil d'Administration, un peu par hasard au début je dois l'avouer mais les gens m'ont plu alors je suis resté :-). Comme plusieurs membres du Conseil d'Administration, je porte plusieurs casquettes que j'enfile en fonction du moment et des besoins.
D'une part je suis encadrant bénévole pour l'activité escalade, ce qui signifie accueillir les nouveaux adhérents intéressés par cette pratique, leur transmettre les connaissances théoriques et pratiques afin d'acquérir une autonomie en toute sécurité.
Mais cela veut dire aussi accompagner les pratiquants non débutants dans leur envie de progression, créer des activités et autres ateliers autour de l'escalade, organiser des évènements ponctuels ou non autour de l'escalade (création/réfection de voies en salle, ateliers techniques, sorties falaises, ...), gestion du matériel collectif et bien d'autres choses encore.
D'autre part je suis Directeur Sportif et Technique du CAM qui, selon les termes consacrés, est "chargé d'organiser et de coordonner les différentes activités concernant la montagne". En clair mon rôle consiste surtout à être le "moteur" des activités, de m'assurer que le CAM puisse proposer ces activités mais surtout m'assurer que l'on ait les bonnes personnes au bon endroit pour proposer et encadrer ces activités, que ce soit en mobilisant les bénévoles ou bien en faisant appel à des professionnels, au regard des compétences nécessaires, de la législation et de l'aspect budgétaire.
Le rôle du Directeur Sportif et Technique est aussi de déceler les forces de chacun, de les mobiliser au bon endroit et mettre à disposition des bénévoles les outils adéquats afin qu'ils puissent mener à bien leurs projets dans les meilleures conditions possibles. C'est aussi être à l'affût des futurs encadrants bénévoles potentiels et leur donner les moyens d'accéder aux formations adéquates, car il faut aussi pérenniser nos actions et tenir compte du turn-over au sein des bénévoles.
3. Qu'est ce que cela t'apporte ?
Moins de temps perso :-p
Pour être plus sérieux, j'ai toujours adoré le contact humain, d'ailleurs mon choix professionnel reflète aussi ce point.
En fait j'aime surtout échanger, transmettre ce que je connais mais aussi apprendre des autres. Transmettre à des néophytes implique de toujours se remettre en question, ne jamais rester sur ses acquis, c'est ultra stimulant.
4. Quelles sont les grandes étapes de la réfection des voies en salle ? Comment as-tu appris ?
J'ai appris par l'échec :-)
Là aussi c'est un peu le fruit du hasard. Au départ j'étais simple pratiquant et nous n'étions pas beaucoup, j'ai des souvenirs d'années où nous n'étions que 5 grimpeurs au sein du CAM. A force de faire et refaire les mêmes voies encore et encore, l'envie de nouveau est arrivé. J'ai demandé s'il était possible de créer, on m'a dit oui, j'ai attrapé un tournevis, des prises et je me suis lancé.
Inutile de dire que mes premières voies n'étaient pas belles du tout. Mais cela m'a permis de comprendre ce qui n'allait pas, de tester des rectificatifs et m'améliorer avec le temps.
En plus de cela, j'ai été dans d'autres salles de la région, j'ai regardé et j'en regarde encore des vidéos d'ouvreurs ou des compétitions pour essayer de comprendre comment ils imaginaient leurs tracés, je m'en suis inspiré quelques fois.
Ensuite j'ai voulu m'inspirer des voies "naturelles" ou dites de "falaise". Cela ne veut pas dire reproduire un mouvement caractéristique à une voie précise mais plutôt essayer de reproduire les sensations que l'on peut avoir en étant dans une voie "falaise", cela peut être sur la forme du tracé (une voie falaise ne va jamais tout droit) ou bien sur la difficulté de comprendre un passage qui n'apparaît pas comme évident (éviter le pied droit à droite, pied gauche à gauche, montée type échelle, ...).
Je ne vais pas dire que je suis parfait maintenant mais disons que j'essaie toujours de rendre mes voies ludiques quel que soit le niveau de difficulté, qu'elles tournent toujours autour d'un thème, qu'elles obligent à travailler certaines techniques, qu'on aime les maudire.
Concernant les étapes pour une création/réfection de voie ?
Je dirais :
A) Cibler les besoins
B) Etudier l'emplacement de la voie et son environnement
C) Choisir les prises en adéquation avec le style de voie que l'on veut créer
D) Construction de la voie elle même
E) Test de la voie
F) la partie la plus sympa : voir les pratiquants l'essayer et la critiquer :-)
Retrouve tout le détail dans la rubrique Escalade > Réfection des voies 😉
5. Une anecdote à partager sur une sortie en montagne ou une session en salle ?
Il y en a tellement... Je vais prendre la dernière en date.
Cet été j'ai emmené deux amis faire leur première nuitée en bivouac de montagne. Ils souhaitaient être vraiment en pleine montagne et loin de tout. J'ai choisi un petit coin sympa, je leur ai prodigué quelques conseils ciblés et nous voilà partis le jour J
Sur place nous avons monté les tentes et mangé sous la pluie. Ils avaient des sacs beaucoup trop lourd (n’ayant pas écouté les conseils…), ils n'ont pas dormi de la nuit, ils ont eu froid... mais ils avaient des étoiles plein les yeux comme des gamins car nous avons croisés des dizaines et dizaines de chamois au cours des deux jours. Ils ont adoré l'expérience et ont la volonté de réitérer. C'est pour des moments comme ceux-là que j'aime la montagne.
6. Un coup de cœur escalade ?
La Tête de chien :-)
Ça peut paraître chauvin mais très honnêtement je n'ai jamais connu d'autres secteurs qui puissent proposer des voies à des grimpeurs de tous niveaux, débutants comme confirmés voire très confirmés. Ils peuvent ainsi partager la même journée de grimpe sur un même secteur. Et puis la vue est à couper le souffle, sans oublier que c'est à 10 minutes en voiture de la maison, voire même on peut y aller à pied...
7. As-tu des conseils de films ou de lecture sur la montagne ?
Alors je lis énormément (tous les jours) mais jamais sur la montagne :-p Je suis très fantasy et science-fiction, ce que d'aucuns appellent la culture geek, mais j'assume pleinement :-)
En revanche question film, il y en a un qui m'a profondément marqué. C'est le film "Metamorfosi" avec Patrick Berhault en acteur/grimpeur principal (et Marc Biancheri en grimpeur/assureur, un camiste toujours présent) qui est passé dans l'émission suisse-allemande "Land der berge" en 1990.
Je ne l'ai pas vu à sa sortie, je ne l'ai vu que bien des années plus tard grâce à l'avènement des sites de partage de vidéos qui ont permis à beaucoup, moi compris, de tomber sur des pépites qui étaient passés inaperçues jusqu'alors. Je pense l'avoir vu aux alentours de 2007 je pense.
En visionnant ce film j'ai pris une claque. Il ne fallait pas voir l'escalade comme un sport de force. Elle était à voir comme une recherche d'esthétisme. L’escalade est une recherche permanente d'osmose entre les mouvements du grimpeur et la configuration de la falaise, c'est cette dernière qui nous indique comment il convient de se placer plutôt que d’essayer d'imposer un mouvement par la force, voué à l'échec.
Pour rigoler, quelques années plus tard, certains camistes grimpeurs ont inventé le terme de "grimper mignon" pour désigner le fait de grimper en utilisant des mouvements très esthétiques, un peu pour se moquer il est vrai, mais cela véhicule quand même bien l'idée générale :-)
